ClubHouse c’est la nouvelle app sociale exclusivement basée sur l’audio, qui permet de se retrouver sans toutefois se réunir : entre confinement et couvre-feu, c’est ce dont nous avons tous besoin ! Après 18 heures, restaurants et bars sont fermés.. quoi de mieux dès lors que de rencontrer de nouvelles personnes par d’autres moyens ?
Les utilisateurs peuvent échanger de vive voix avec des inconnus (mais cela reste rare) dans des « rooms » audios et ainsi prendre le temps d’écouter les autres débattre. Ils ont également la possibilité de lancer leur propre room et de la modérer en fonction. C’est un peu la nouvelle libre antenne 5.0 !
Ce qui est intéressant de constater, c’est qu’encore une fois, les fonctionnalités viennent structurer la sociabilité des utilisateurs sur la plateforme.
Comme je l’évoque dans le titre, les « rooms audios » sont construites techniquement comme des salles d'audience ou des salles de spectacles… dans lesquelles chacun à son propre rôle : on retrouve des speakers, des modérateurs, des auditeurs !
Cette hiérarchisation entre les utilisateurs vient également renforcer l’élitisme virtuel. En tant qu’auditeur, on retrouve cette sensation lorsque l’on est au cœur de l’application : il faut parfois attendre plusieurs heures avant d’intervenir dans un débat (lorsque les modérateurs nous y autorisent), ce qui peut évidemment être frustrant.
Le réseau social, avec ces fonctionnalités, dessine déjà ses propres habitudes culturelles : que ce soit au niveau du vocabulaire (rooms, « leave quietly ») qu’au niveau des codes sociaux (applaudissement en ouvrant ou fermant le micro, etc.).
Paul Davison et Rohan Seth : les deux créateurs de l’application la plus populaire de ce début d’année en France, ont pensé à tout. Pour faire connaître leur application, ils ont choisi une stratégie bien connue de tous : le FOMO (Fear Of Missing Out), autrement dit la peur de louper une nouvelle information, une nouvelle tendance, etc.
Cette sensation est accentuée par le fait que l’application recense bon nombre de personnes connues, et que celle-ci est seulement accessible en version de test pour une tranche spécifique de la population : celle détentrice de produits Apple et d’une invitation.
La mise à l’écart des utilisateurs détenteurs de mobiles Androïd on peut le dire, est tout bonnement marketing ! On aurait pu penser que cela aurait pu freiner le succès du réseau, il n’en est rien. Le fait de limiter son succès le place en tant que produit rare, qu’il faut posséder. D’ailleurs ClubHouse, désormais valorisé à 1 milliard de dollars se penche déjà sur le développement de sa version Androïd.
Les utilisateurs ont donc la sensation d’accéder à un privilège en exclusivité. En ce sens, l’application est d’ailleurs taxée d’élitisme et d’entre-soi.
De prime abord, ce qui attire sur la plateforme, ce sont les types d’utilisateurs qu’on y trouve :
Cela vient également renforcer la différence de ClubHouse par rapport aux autres réseaux sociaux : les personnalités les plus influentes ne sont pas forcément des personnes jeunes (15-25 ans).
Sommes-nous face à un futur géant aux pieds d’argile ?
ClubHouse doit effectivement faire face à des problématiques plus pragmatiques. Voici quelques exemples :
En quelques mots, la rétention des utilisateurs semble être, comme tout réseau, la première problématique majeure à laquelle sera confrontée ClubHouse pour maintenir son succès.
De prime abord, l’attribut d’un score sur les utilisateurs semble être une des solutions les plus simples, mais peu éthique. D’autres solutions peuvent être envisagées :
Une recommandation humaine par exemple entre les utilisateurs ;
L’ajout d’un circuit de gamification pour débloquer des badges et ainsi renforcer la captation des utilisateurs sur la plateforme.
Ensuite, vient évidemment la mise en place d’un modèle économique pérenne. Un véritable challenge pour ce type de réseau social 100% audio !
L’application Clubhouse se veut donc être un réseau social innovant basé sur la voix dont les mantras sont la liberté et la création de contenus. Il semblerait donc que l’application ait encore du chemin à parcourir en termes de confidentialité, de sécurité et de concurrence pour… survivre ?
Thomas